by Sylvain Lecomte

Adexgroup une PME pendant le confinement : Semaine 2

Maintenant, que fait-on?

Adexgroup est une entreprise comme des dizaines de milliers en France, avec un patron, une quarantaine de collaborateurs, des commerciaux, des techniciens, des comptables, des administratifs, des livreurs, des marketeux, des préparateurs, des stagiaires en alternance, une société, une communauté.

La première semaine, notre petite communauté a été divisée en deux : ceux qui assistaient nos clients et ceux qui vivaient le confinement à 100%

La semaine deux, les appels à la hotline se font plus rares, on a le sentiment que les urgences ont été bien traitées. Notre hotline est assurée par un service tournant, là aussi, l’activité se fait rare.

L’entreprise est définitivement en sommeil.

Les commerciaux ont certains de  leurs clients au téléphone.

Ce n’est pas une demande de la direction, il n’y a pas de démarche mercantile.

C’est venu naturellement à certains.  Ils prennent des nouvelles pour voir comment leurs contacts vivent cette situation inédite. Un besoin de communiquer se fait sentir, de se comparer, de comprendre comment chacun vit ce confinement. Les clients les appellent aussi pour les mêmes raisons.

On ne peut pas regarder les personnels de santé s’exténuer à sauver des vies, les routiers à ravitailler les magasins alimentaires, les caissières à leurs postes, les éboueurs à vider nos poubelles, tous ceux qui nous permettent de vivre le confinement dans les meilleures conditions et rester inactifs.

Nous savons bien qu’au vu des métiers d’Adexgroup : bureautique, informatiques, téléphonie, fournitures de bureau et agencement de bureau, nous ne pouvons participer qu’en respectant les règles du confinement mais pour beaucoup d’entre nous c’est frustrant.

Ceci dit, nombreux sont les collaborateurs qui au sein de leur communauté s’investissent. Elles  prennent des nouvelles  des personnes isolées, se proposent de les aider, de faire leurs courses, d’aller à la pharmacie. Des élans de solidarité grandissent.

L’entreprise dort, mais ses membres prennent des nouvelles des uns des autres, en particulier de ceux qui ont été contaminés.

Notre PDG appelle beaucoup d’entre nous et s’assurer que tout va au mieux. Evidemment ceux qui vivent en pavillon, vivent la situation mieux que ceux en appartement.

Les parents découvrent le métier de prof et regardent parfois leurs enfants d’un autres œil. On se découvre des talents de bricoleur et de nouvelles passions émergent comme la tonte du jardin ou le réaménagement de l’appartement, les meubles n’ont jamais été aussi déplacés.

Très vite, un groupe whatsapp interne à Adexgroup a été créé afin d’échanger des nouvelles, des blagues, des astuces. Il semble que la vie d’entreprise manque à tout le monde.

Une entreprise n’est pas qu’un job qui nous occupe la semaine, c’est aussi des liens qui se créent, une communauté qui rigole, se chamaille, déjeune ensemble, partage des moments professionnels et personnels et surtout une communauté qui avance collectivement.

 

La deuxième semaine, la stupéfaction passée, les urgences traitées, certains de nos clients nous appellent au sujet de solutions de dématérialisation, de lettres recommandées électroniques, d’outils de collaborations, de vidéo conférence.

Ceux qui en bénéficient déjà nous contactent pour aller encore plus loin dans l’utilisation de ces outils, pour apporter de la formation supplémentaire. Les autres, ceux que nous démarchions avant, nous contactent pour envisager ces nouvelles façons de travailler qui n’étaient pas leurs urgences il y a encore 15 jours.

On ne peut pas dire que cela fait vivre l’entreprise, que cela fait travailler les collaborateurs, l’activité de l’entreprise est comateuse. Nous ne vendons rien, notre trésorerie est suivie par notre patron au jour le jour.

On se demande comment l’entreprise  passera cette période délicate mais on est ravi de pouvoir aider des entreprises à fonctionner quand c’est possible. Cela n’occupe ni nos journées, ni nos nuits et surtout cela ne fait travailler que très peu de monde chez nous et surtout pas à plein temps.

Notre patron et notre DAF passent du temps à comprendre comment mettre en place le chômage partiel. A comprendre, si Adexgroup rentre ou pas dans les critères d’éligibilité présentés par le gouvernement.

La vérité malgré ce qui est écrit au-dessus, c’est que l’activité est morne plaine, les rentrées d’argent aussi.

La direction se pose des questions existentielles : si un collaborateur se connecte au serveur de son propre chef, doit-on considérer cela comme du travail, si le commercial appelle son client pour prendre des nouvelles, est-ce du travail… ?

Vient aussi très vite le sujet de la paie, la fin de mois approche.

Surtout, le mal du pays, je veux dire le mal de l’entreprise se ressent de plus en plus chez les collaborateurs. Cela devient prégnant.

Guillaume se demande comment y répondre. Ne peut-on pas réveiller l’entreprise pour travailler sur des sujets que nous n’avons pas le temps de traiter habituellement ? Dans chaque crise, il y a des opportunités, l’une d’entre elles ne serait-elle pas d’essayer d’améliorer l’efficacité de l’entreprise ? D’habitude chacun à la tête dans le guidon, à tracer son sillon. Et si on réfléchissait collectivement ?

Cela sera sans doute le sujet de la troisième semaine de confinement.

A suivre.

Si vous voulez lire le récit de Adexgroup une PME pendant le confinement: semaine 1